Chaque fois qu’un homme ou une femme, jeune ou moins jeune, est canonisé, c’est-à-dire déclaré saint par l’Église, c’est que, sous l’inspiration du Saint-Esprit, la Mère Église reconnait l’un de ses enfants qui a vécu selon le cœur de Dieu, qui a vécu au mieux les Béatitudes prononcées par Jésus dans l’Évangile que nous venons d’entendre. Aujourd’hui, nous fêtons l’ensemble de nos frères et sœurs qui sont parvenus à la sainteté non par eux-mêmes, mais par la grâce de Dieu qui les a rendus saints. Réjouissons-nous donc pour cette foule immense, que nul ne peut dénombrer, car elle intercède pour nous et nous attend dans la gloire de Dieu. Telle est l’espérance chrétienne !
Dans la première lecture, ce livre toujours un peu énigmatique de l’Apocalypse, il y a ces paroles de l’Ange aux autres anges : « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu » (Ap 7, 3). Cela nous rappelle l’onction que nous avons reçue au jour de notre baptême et le sceau de la confirmation dont nos fronts ont été marqués. Nous sommes donc des serviteurs de Dieu. Et le même saint Jean, dans la deuxième lecture, dit que « nous sommes appelés enfants de Dieu » (1 Jn 3, 1). Serviteurs de Dieu, enfants de Dieu, voilà de jolis noms qui ne sont pas que des noms pour nous, mais véritablement des statuts célestes. Et saint Jean va carrément plus loin en disant : « Nous serons semblables (à Dieu) car nous le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3, 2b).
Frères et sœurs, voilà qu’elle est notre vocation : être semblables à Dieu. En recevant le baptême et la confirmation, Dieu nous marque de son sceau pour que nous commencions à vivre ici-bas notre condition céleste, notre statut céleste. Toute notre vie est appelée à être un reflet de cette condition. Les enfants, éduqués par leurs parents, deviennent un reflet de ce qu’ils reçoivent de leur part et grandissent pour devenir, à leur tour, des éducateurs, d’une manière ou d’une autre. Dieu notre Père nous éduque par sa Parole pour que « sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt 6, 10). Et il nous donne Jésus son Fils comme parfait modèle d’humanité ayant les Béatitudes comme cahier des charges, si je peux dire. Ce que Jésus a fait est le support sur lequel nous devons nous appuyer, tout au long de notre vie, pour est semblables à Dieu, et refléter ainsi son visage de paix, d’amour, de douceur, de miséricorde, de justice, etc. Ces jours-ci, dans un article du journal diocésain, je lisais ceci : « Être chrétien, c’est s’efforcer – on est loin d’être des saints et ce n’est pas facile – de toujours voir en son prochain une image du Christ » (Marc Aubry in Eglise des Alpes-Maritimes n°135). Recherchons bien cela pour ressembler au Christ, lui-même vivante image de son Père.
Dans notre monde d’aujourd’hui, on a besoin de rencontrer des personnes qui soient vraiment des signes de la présence de Dieu au milieu de nous. Les chrétiens ont été marqués du sceau de l’Esprit Saint pour cela. En étant promis à la vie du ciel, les chrétiens doivent vivre comme s’ils étaient déjà au ciel. « Même si ce n’est pas facile », comme disait l’article – Dieu sait bien que nous restons pécheurs -, gardons à l’esprit cette recherche constante des biens du ciel. « Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! » chantait le Psaume, tout à l’heure (cf. Ps 23, 6a). C’est en cherchant Dieu, tous les jours de notre vie, que nous devenons des saints. Ce que je fais de bien, de beau, de vrai, je le fais au nom du Seigneur et pour le Seigneur parce que je suis son enfant, parce que je suis son serviteur, parce que je suis le disciple et le frère de Jésus. Nous savons que « notre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 12), alors agissons ici-bas pour en jouir un jour en plénitude. Et les prémices de cette récompense sont la joie de ressentir la présence discrète, mais réelle et efficace, du Seigneur dans notre vie.
Les Saints sont là pour nous montrer le chemin à suivre. Ils n’ont pas été des super-héros ou des sur-hommes, ils ont été des gens comme vous et moi qui ont tout simplement vécu une histoire d’amour véritable avec le Christ ; ils ont vécu « par lui, avec lui et en lui ». Les Saints avaient leurs leur caractère, leurs défauts, leurs péchés, mais cela ne les a pas empêchés de travailler aux œuvres de Dieu. Si nous attendons de changer de caractère, de supprimer nos défauts, de ne plus faire de péchés, pour accomplir les œuvres de Dieu, nous ne serons jamais des saints. Dans une famille, les enfants ne sont jamais parfaits, cela n’empêche pas leurs parents de les aimer, de les guider, de les encourager et de les récompenser lorsqu’ils font bien. Nous, qui sommes les enfants de Dieu, notre Père du ciel nous aime, nous guide, nous encourage, nous récompense pour tout le bien que nous faisons au nom de Jésus Christ.
Chers frères et sœurs réjouissons-nous de fêter de Tous les Saints ! Nos saints patrons, les saints que nous aimons, les saints que nous prions, les saints que Dieu seul connaît. Le cortège est immense, nul ne peut les dénombrer, disait l’Apocalypse (cf. Ap 7, 9). Lorsque l’on célèbre la messe, on célèbre Dieu en présence de tous les Saints qui se sont nourris du pain des anges, tout au long de leur vie, dans le pain eucharistique. Maintenant ils se nourrissent de ce pain dans le ciel en voyant Dieu tel qu’il est. Demandons-leur de prier pour que nous avancions dans la vie en enfants de lumière. Comme Tous les Saints, « tressaillons de joie car nos noms sont inscrits pour toujours dans les cieux, car nos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu » (Didier Rimaud). Amen.
Abbé Jean-Paul FILIPPI
